Cette Speedmaster a bel et bien été fabriquée à Bienne. Uniquement dans le courant de l’année 1968. Et si elle est célèbre, si son surnom évoque à juste titre les Space Sheriffs japonais, Godzilla, les Kaiju et les tokusatsu, c’est parce que cette rare version de la Speedmaster d’Omega a figuré en bonne place dans The Return of Ultraman en 1971, une série de 51 épisodes diffusée au Japon.
Pour démarrer, quelques mots sur Ultraman. Cette série prend la suite d’Ultraman (1966) et Ultraseven (1967). Le premier épisode commence par un combat entre deux monstres géants nommés Takkong et Zazahn, à Tokyo. Pendant cette bataille, le jeune conducteur de voiture de course Hideki Go est tué en essayant de sauver un petit garçon et un chien des projectiles qui tombent d’un peu partout. Son sacrifice est admiré de tous, ses amis bien entendu, mais aussi par la nouvelle force de défense MAT (Monster Attack Team). Mais un force invisible est également au centre de l’histoire. Cette force, c’est celle d’Ultraman. Tellement touchée par l’héroïsme d’Hideki, Ultraman le premier décide de combiner sa force avec celle du pilote de course, ce qui le ramène à la vie sous la forme d’un « New Ultraman » (Ultraman Jack). MAT demande alors à Hideki de rejoindre l’équipe, ce qu’il fait, d’autant plus que dans ces temps troublés, la Terre a besoin d’un sauveur. Lorsque ça chauffe, Hideki élève son bras droit et, par la force de la volonté, se transforme en Ultraman pour combattre les monstres.
Le cas échéant, Ultraman le premier et Ultra Seven suivent les batailles de New Ultraman en cachette et lui offrent leur aide quand il est en danger.
Pendant longtemps, cette Speedmaster est restée un mystère. Et celui-ci est encore vrai, dans une large mesure. Nous ne savons ni pourquoi Omega a produit cette 145.012-67 à trotteuse orange, ni pourquoi une poignée seulement de modèles ont été produits. Chacun y va, depuis des années, de son interprétation et de sa conjecture, mais lorsque le directeur du musée Omega, Petros Protopapas, se rend à une conférence au Japon en 2015 et confirme que la Speedmaster Ultraman est authentique et a bien été produite en cette configuration par Omega, une partie du mystère est certes levée, mais le voile reste encore épais.
La télé couleur ? C’est l’occasion de mettre de l’orange
Un détail intéressant a été délivré par le directeur du Musée Omega concernant les studios TOHO et les productions Tsuburaya, responsable d’Ultraman et de quelques autres films. Le créateur de la série Ultraman était Eiji Tsuburaya. Il était probablement un collectionneur de montre lui-même, car beaucoup de ses créations mettaient en vedette de nombreuses et intéressantes montres.
Plus décisif encore, les séries Ultraman ont été précédées de la série Ultra Q (1966). La série Ultra Q était en noir et blanc et comportait déjà un Speedmaster, une référence 105.003. La série The Return of Ultraman (également connue sous le nom de Ultraman Has Returned) est apparue en 1971 et 1972, et a été dirigée par le fils d’Eiji, Hajime Tsuburaya. Au lieu de noir et blanc, cette série était déjà en couleur, bien sûr. Il est intéressant de noter que la série est entièrement irriguée par une touche orange – très à la mode à l’époque. Du coup, la présence de cette trotteuse orange de Speedmaster ne nous paraît pas être une coïncidence totale.
Certains des autres films distribués par TOHO comportent aussi des montres iconiques d’Omega. Dans le film basé sur le roman japonais Sinks (Submersion of Japan), vous pourrez voir un Omega Seamaster PloProf par exemple.
Cependant, la Speedmaster Ultraman est une montre produite en 1968, bien avant son apparition dans The Return of Ultraman, donc.
Le mystère de 1968
Dans la gamme de numéros de série d’environ 3000 montres (26.076.xxx et 26.079.xxx, ce qui correspond à une production en 1968), un nombre inconnu de montres a été assemblé avec une trotteuse orange. La raison est inconnue, mais après qu’il est devenu clair que ces montres ont joué un rôle dans Ultraman, on les a surnomées «Speedmaster Ultraman» ou «Ultraman Speedmaster».
À l’heure actuelle, on ne sait absolument pas combien d’entre elles se trouvent en circulation, mais il n’est pas rare, de temps en temps, que quelqu’un prétende avoir une Speedmaster Ultraman toute originale en sa possession. Omega a validé certains modèles comme d’authentiques Speedmaster qui a quitté l’usine avec une trotteuse orange, comme on peut le voir sur l’Extrait des Archives ci-dessous. Toutefois, il est tout aussi clair et confirmé que toutes ces 3000 pièces environ n’ont pas quitté Bienne avec une trotteuse orange !
Ces montres ont été expédiées sur différents marchés, donc pas seulement au Japon comme on l’a longtemps cru.
Si on met de côté cette trotteuse orange, il s’agit pour le reste d’une Speedmaster ordinaire de type 145.012-67 avec toutes les caractéristiques propres à cette référence : le mouvement du calibre 321, la lunette DO90, le bracelet 1039, etc.
Evidemment, il y a toujours des petits malins peu scrupuleux prêts à tout pour se faire de l’argent facile, quitte à sombrer dans l’illégalité. Ceux-ci n’ont pas eu peur de modifier une 145.012-67 « classique » pour lui apposer une trotteuse orange de Speedmaster mark II Racing. D’autres, bien que plus rares, lui ont ajouté une aiguille de Seamaster SoccerTimer, ou encore de Chronostop. Et ont vendu ce modèle à des prix délirants en le faisant passer pour une Ultraman.
Personne n’est capable de dire aujourd’hui si la trotteuse orange de l’Ultraman est spécifique à ce modèle. Mais il semble tout de même bien que ce soit le cas. Les trotteuses des montres sus-visées (mark II Racing, SoccerTimer et Chronostop), bien que très très proches, ne sont pas exactement identiques à celle de l’Ultraman.
Cela dit, il sera difficile – même pour un collectionneur aguerri – d’identifier une Speedmaster Ultraman originale sans validation par un extrait d’archives d’Omega.
Pour conclure, je reprends ici les propos de Robert-Jan Broer sur FratelloWatches :
Prix premium, on ne saurait mieux dire : comptez environ 15 000 € pour acquérir cette Speedmaster « japanisée ».
Pour démarrer, quelques mots sur Ultraman. Cette série prend la suite d’Ultraman (1966) et Ultraseven (1967). Le premier épisode commence par un combat entre deux monstres géants nommés Takkong et Zazahn, à Tokyo. Pendant cette bataille, le jeune conducteur de voiture de course Hideki Go est tué en essayant de sauver un petit garçon et un chien des projectiles qui tombent d’un peu partout. Son sacrifice est admiré de tous, ses amis bien entendu, mais aussi par la nouvelle force de défense MAT (Monster Attack Team). Mais un force invisible est également au centre de l’histoire. Cette force, c’est celle d’Ultraman. Tellement touchée par l’héroïsme d’Hideki, Ultraman le premier décide de combiner sa force avec celle du pilote de course, ce qui le ramène à la vie sous la forme d’un « New Ultraman » (Ultraman Jack). MAT demande alors à Hideki de rejoindre l’équipe, ce qu’il fait, d’autant plus que dans ces temps troublés, la Terre a besoin d’un sauveur. Lorsque ça chauffe, Hideki élève son bras droit et, par la force de la volonté, se transforme en Ultraman pour combattre les monstres.
Le cas échéant, Ultraman le premier et Ultra Seven suivent les batailles de New Ultraman en cachette et lui offrent leur aide quand il est en danger.
Pendant longtemps, cette Speedmaster est restée un mystère. Et celui-ci est encore vrai, dans une large mesure. Nous ne savons ni pourquoi Omega a produit cette 145.012-67 à trotteuse orange, ni pourquoi une poignée seulement de modèles ont été produits. Chacun y va, depuis des années, de son interprétation et de sa conjecture, mais lorsque le directeur du musée Omega, Petros Protopapas, se rend à une conférence au Japon en 2015 et confirme que la Speedmaster Ultraman est authentique et a bien été produite en cette configuration par Omega, une partie du mystère est certes levée, mais le voile reste encore épais.
La télé couleur ? C’est l’occasion de mettre de l’orange
Un détail intéressant a été délivré par le directeur du Musée Omega concernant les studios TOHO et les productions Tsuburaya, responsable d’Ultraman et de quelques autres films. Le créateur de la série Ultraman était Eiji Tsuburaya. Il était probablement un collectionneur de montre lui-même, car beaucoup de ses créations mettaient en vedette de nombreuses et intéressantes montres.
Plus décisif encore, les séries Ultraman ont été précédées de la série Ultra Q (1966). La série Ultra Q était en noir et blanc et comportait déjà un Speedmaster, une référence 105.003. La série The Return of Ultraman (également connue sous le nom de Ultraman Has Returned) est apparue en 1971 et 1972, et a été dirigée par le fils d’Eiji, Hajime Tsuburaya. Au lieu de noir et blanc, cette série était déjà en couleur, bien sûr. Il est intéressant de noter que la série est entièrement irriguée par une touche orange – très à la mode à l’époque. Du coup, la présence de cette trotteuse orange de Speedmaster ne nous paraît pas être une coïncidence totale.
Certains des autres films distribués par TOHO comportent aussi des montres iconiques d’Omega. Dans le film basé sur le roman japonais Sinks (Submersion of Japan), vous pourrez voir un Omega Seamaster PloProf par exemple.
Cependant, la Speedmaster Ultraman est une montre produite en 1968, bien avant son apparition dans The Return of Ultraman, donc.
Le mystère de 1968
Dans la gamme de numéros de série d’environ 3000 montres (26.076.xxx et 26.079.xxx, ce qui correspond à une production en 1968), un nombre inconnu de montres a été assemblé avec une trotteuse orange. La raison est inconnue, mais après qu’il est devenu clair que ces montres ont joué un rôle dans Ultraman, on les a surnomées «Speedmaster Ultraman» ou «Ultraman Speedmaster».
À l’heure actuelle, on ne sait absolument pas combien d’entre elles se trouvent en circulation, mais il n’est pas rare, de temps en temps, que quelqu’un prétende avoir une Speedmaster Ultraman toute originale en sa possession. Omega a validé certains modèles comme d’authentiques Speedmaster qui a quitté l’usine avec une trotteuse orange, comme on peut le voir sur l’Extrait des Archives ci-dessous. Toutefois, il est tout aussi clair et confirmé que toutes ces 3000 pièces environ n’ont pas quitté Bienne avec une trotteuse orange !
Ces montres ont été expédiées sur différents marchés, donc pas seulement au Japon comme on l’a longtemps cru.
Si on met de côté cette trotteuse orange, il s’agit pour le reste d’une Speedmaster ordinaire de type 145.012-67 avec toutes les caractéristiques propres à cette référence : le mouvement du calibre 321, la lunette DO90, le bracelet 1039, etc.
Evidemment, il y a toujours des petits malins peu scrupuleux prêts à tout pour se faire de l’argent facile, quitte à sombrer dans l’illégalité. Ceux-ci n’ont pas eu peur de modifier une 145.012-67 « classique » pour lui apposer une trotteuse orange de Speedmaster mark II Racing. D’autres, bien que plus rares, lui ont ajouté une aiguille de Seamaster SoccerTimer, ou encore de Chronostop. Et ont vendu ce modèle à des prix délirants en le faisant passer pour une Ultraman.
Personne n’est capable de dire aujourd’hui si la trotteuse orange de l’Ultraman est spécifique à ce modèle. Mais il semble tout de même bien que ce soit le cas. Les trotteuses des montres sus-visées (mark II Racing, SoccerTimer et Chronostop), bien que très très proches, ne sont pas exactement identiques à celle de l’Ultraman.
Cela dit, il sera difficile – même pour un collectionneur aguerri – d’identifier une Speedmaster Ultraman originale sans validation par un extrait d’archives d’Omega.
Pour conclure, je reprends ici les propos de Robert-Jan Broer sur FratelloWatches :
J’ai vu quelques Speedmaster Ultraman au cours des années, depuis des modèles clairement frankenwatch jusqu’à de vraies affaires comme celle qui illustre le présent article. Je me souviens de discussions animées sur les forums Omega de personnes qui étaient absolument convaincues qu’elles avaient acheté une montre authentique, qu’il s’agisse d’un premier achat effectué dans les années 1960, ou qu’elles aient héritées de leur père par exemple. Ceci est très difficile à prouver à autrui, j’imagine. Ce n’est qu’en provenance d’Omega que j’oserais acheter une Speedmaster Ultraman pour ma part (et payer le prix premium qui va avec). Je sais que le musée Omega travaille d’arrache-pied pour obtenir plus de détails sur de nombreuses montres produites par le passé. C’est un travail difficile et qui nécessite beaucoup de travail et d’opiniâtreté dans bien des cas.
Prix premium, on ne saurait mieux dire : comptez environ 15 000 € pour acquérir cette Speedmaster « japanisée ».